Maitre Contentin, huissier de justice dans les Hauts-de-Seine, a accepté de témoigner sur son métier pour le site d’actualité Vice.com dans le cadre d’un article sur les métiers mal aimés car mal connus et ainsi révéler l’humain qui existe dans ces professions.
» Le métier d’huissier de justice n’était pas une vocation. Il a parfois une image négative et il ne me faisait pas rêver, soyons honnête. J’ai fait des études de droit et je souhaitais vraiment un métier avec une absence totale de routine, un métier de terrain et de contact humain. C’est donc assez naturellement que je suis devenue huissier de justice.
C’est un métier mal aimé parce qu’il est mal connu. Les gens le savent peu mais mon travail est de concilier, de trouver la solution la plus adaptée à chaque situation. Nous avons tous en tête l’image de l’huissier qui vient sonner à votre porte pour saisir vos meubles, c’est une réalité mais c’est une action de dernier recours ; elles n’est en aucun cas systématique dans une procédure. Notre mission est avant tout d’engager un dialogue entre les différentes parties (le créancier et le débiteur par exemple) et de trouver une solution adaptée et qui convient à tous.
Je suis souvent confrontée à des gens qui ont peur d’engager ce dialogue car lorsqu’ils entendent « huissier » ils prennent peur et occultent le problème, ce qui nous contraint, en vertu de la loi, à engager des saisies, afin de les obliger à rentrer dans le dialogue et mettre en place un plan d’apurement. Nous avons également un rôle de régulateur économique et social.
Je me souviens notamment d’un propriétaire qui achète un appartement à crédit et le donne en location en pensant que les loyers pourront payer les échéances du prêt. Le locataire cesse alors de payer ces loyers et le propriétaire ne peut plus faire face à ses échéances, la banque est alors contraint d’engager une procédure de saisie immobilière à l’encontre du propriétaire. Il ne faut pas avoir une vision étroite du système mais avoir un regard d’ensemble.
J’ai vraiment le sentiment de faire un métier valorisant et de rendre service aux gens. Même si certaines situations sont difficiles à vivre, les expulsions par exemple, mais nous faisons appliquer la loi, c’est très important. Il m’arrive d’avoir le sentiment de rendre service à l’occupant. Je pense à un jeune homme ne payant plus son loyer qui vivait littéralement dans des amoncellements d’ordures et détritus. J’espère qu’il se sera repris en main. En résumé, c’est un métier qui demande autorité, diplomatie et impartialité. Ce métier est utile car nous l’effectuons avec proximité et nous évitons bien souvent des procédures coûteuses et le recours aux tribunaux.
Maître Gaëlle CONTENTIN »